28 févr. 2009

10 euros, le prix du vide

"Manifestation exceptionnelle, VIDES est une rétrospective des expositions vides depuis celle d'Yves Klein en 1958. Dans une dizaine de salles du Musée national d'art moderne, elle rassemble, de manière inédite, des expositions qui n'ont rigoureusement rien montré, laissant vide l'espace pour lequel elles étaient pensées..." Cette idée folle, on la doit à Laurent Le Bon, conservateur à Beaubourg et directeur de futur Centre Pompidou-Metz, commissaire de la récente exposition Jeff Koons Versailles et membre du très sélecte Conseil pour la création artistique instauré par le Président de la République.
La radicalité du propos aurait peut-être mérité une radicalité tarifaire. Ne rien payer pour ne rien voir n'aurait-il pas été plus cohérent ? Pour être tout à fait honnête, le prix comprend la visite du musée et des autres expositions alors pourquoi ne pas s'y lancer ? Dans les dîners en ville, à la question "C'était quoi ta dernière expo ?", répondre "Du vide" devrait faire son effet.
Vides, une rétrospective au Centre Pompidou, Paris
Jusqu'au 23 mars 2009 - Tarif plein 10€ Tarif réduit 8€

27 févr. 2009

La culture pour tous, une illusion ?

Drôle d'intitulé pour la conférence-débat organisée au Grand Palais et curieuse manière de fêter le cinquantenaire du ministère de la Culture, né sous l'impulsion de Malraux avec la volonté de démocratiser l'art et le savoir puisque c'est dans ce cadre-là que l'événement a lieu. Mais ne préjugeons pas du contenu.
Le débat sera animé par Geneviève de Cazaux, journaliste, grand reporter à TF1, avec Bruno Maresca, sociologue, directeur de recherche au CREDOC ; Philippe Yong, professeur de lettres et d'histoire des arts ; Jean-François Zygel, pianiste et professeur au Conservatoire de Paris.
La culture pour tous, une illusion ?, mardi 3 mars 2009, 18h30-20h, salle de projection du Grand Palais, rotonde Alexandre-III, à l'angle de l'avenue Winston-Churchill et le Cours-la-Reine, Paris 8e.
Entrée libre et gratuite, confirmer sa présence au 01 56 43 30 87 du lundi au mercredi ou par mail : mardis@grandpalais.fr

Yan Pei-Ming, François Pinault et les chinois

Protecteur des Arts façon Ancien Régime, François Pinault, collectionneur et milliardaire, a remis mardi les insignes de Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur à Yan Pei-Ming, artiste chinois exposant actuellement au Louvre, en présence de François Rebsamen, maire de Dijon, ville où il réside. De Mao à Sarko, tel pourrait être résumé l'itinéraire de ce peintre de talent qui a vu sa cote exploser quand ses portraits d'illustres inconnus ont fait place à ceux de personnalités en vue. A commencer par Mao dont il brossa le portrait admiratif, la liste est longue de ses portraits opportuns (Villepin et Emile Louis à la FIAC 2006, Guy Môquet lors de cérémonies officielles en 2007, Obama et McCain en 2008...). D'ailleurs, c'est lors du voyage officiel du Président français en Chine de 2007, que le peintre rencontra Henri Loyrette, le très diplomate directeur du Louvre et que naquit le projet d'y exposer ses toiles. Mardi soir, on ne sait où la cérémonie avait lieu. Peut-être dans les coulisses du Grand Palais où continuait la vente Bergé Saint-Laurent organisée par Christie's, propriété de l'homme d'affaires, et qui déclencha l'ire de la Chine à cause de deux précieux bronzes dont elle demande la restitution. Curieuse collusion de l'actualité pour François Pinault, honorant un Chinois et s'attirant simultanément les foudres de millions d'autres.

25 févr. 2009

L'indécence de la vente Bergé Saint-Laurent

Sur son blog, Jean-Jacques Aillagon, présent à la soirée d'ouverture de cette méga-vente aux enchères - "the place to be" ce soir-là comme il l'écrit avec distance - reconnait avoir éprouvé un certain malaise à l'envolée des prix saluée à chaque fois par une salve d'applaudissements dans la foule des happy fews... "Une telle intimité entre l’art et l’argent poussée à une telle surenchère" s'exclame-t-il ! En pleine crise financière...
La "générosité" de la destination des gains annoncée par un Pierre Bergé transcendé par le deuil diminue-t-elle l'indécence de l'événement ? Pas vraiment. On pense à ces soirées de charité dont le château de Versailles raffole au demeurant - soirée pour l'enfance malheureuse, soirée contre le cancer, etc. - où une seule robe d'une de ces princesses qu'on retrouvera, sourire triomphant, dans Gala la semaine suivante, suffirait à nourir une famille entière du tiers-monde pendant dix ans. Le luxe se nourrit de pauvreté, la richesse a besoin de la misère pour briller. E la Nave Va...Générosité et hypocrisie du grand monde...comme si de rien n'était. Jusqu'à l'iceberg.

21 févr. 2009

Damien Hirst, l'artiste aux dents longues

En son temps, André Breton avait rebaptisé Salvador Dali par son anagramme Avida Dollars pour fustiger son goût immodéré de l’argent. Celui de l’artiste britannique Damien Hirst reste à trouver…
Toujours plus riche depuis la vente record de sa production chez Sotheby’s fin 2008 (139,5 M€) où il squeeza sans scrupule le circuit des galeries, sa pièce la plus chère, "Le Veau d’or" au titre prémonitoire, partit pour 13M€. Depuis, l’artiste s’efface devant le requin. Licenciant juste après une bonne partie des petites mains qui réalisent les œuvres qu’il conçoit, interdisant récemment à un documentariste trop critique de filmer une de ses expositions, il a demandé à la DACS, société de gestion de droits d’auteur, de poursuivre Cartrain, un jeune de 16 ans coupable d’avoir utilisé dans un de ses collages vendus sur Internet autour de 75€, l’image d’une de ses œuvres les plus célèbres "For the Love of God" , un crâne recouvert de diamants. Concurrence sauvage insupportable pour un Damien Hirst qui se lance dans le merchandising avec l’ouverture de boutiques à Londres où sont proposés notamment des crânes en plastique, façon dit-il de mettre son art à la portée de tous.
Pour défendre le jeune Cartrain et narguer le tyrannique Damien Hirst, un site web propose à la vente des collages intégrant le crâne-diamant. A l’origine de cette fucking initiative, quelques artistes adeptes du détournement artistique plaidant pour un assouplissement du copyright. Parmi eux, Jamie Reid, graphiste du mouvement punk et auteur des légendaires pochettes des Sex Pistols.

Le collage de Cartrain


La contribution de Jamie Reid, auto-parodie d'un visuel créé pour les Sex Pistols


Voir toutes les autres propositions [...]

Jack Lang pousse un cri

Dans le Nouvel Observateur, le député du Pas-de-Calais s'en prend à la politique culturelle de Nicolas Sarkozy lui reprochant un manque de souffle. Parlant de paupérisation et d'assassinat de l'Education nationale, il dénonce la fermeture, en France, d'un centre culturel par mois " ou presque" et la dégringolade d'année en année du budget Patrimoine. Ecornant au passsage la figure tutélaire de Malraux, il défend ses belles années rue de Valois : doublement du budget de la Culture et augmentation constante malgré les temps d'austérité, multiplication des équipements en Région, Grand Louvre, prix unique du livre qualifié de "première loi d'écologie culturelle" (sic), défense des musiques jeunes... Avec ou sans col Mao, il en appelle à une " nouvelle révolution culturelle" et cite la formule limpide de Jean Vilar : " Il en est de la culture comme de l'électricité et du gaz, c'est un service public". Du grand Jack ! Lire l'interview...

15 févr. 2009

Bouygues, Grand Mécène de la Culture, on ne rigole pas

Chistine Albanel, au nom du ministère de la Culture, vient de remettre la distinction à Martin Bouygues pour la contribution de son groupe "à la préservation autant qu’au renouvellement de notre patrimoine" et pour son "rôle précieux" dans "l’enrichissement de notre vie culturelle". L'empire du BTP soutient des projets prestigieux, du musée d'Orsay au Grand Louvre, du Quai Branly à la restauration de l'Hôtel de la Marine, et mène une multitude d'initiatives en faveur de la création. Ca ne manque pas de sel quand de l'autre côté, sa filiale audiovisuelle poursuit son oeuvre de déculturation des masses. On se souvient de l'aveu du PDG Le Lay : "A la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...) Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible". Et peut-être que dans cent ans les lotissements de maisons Bouygues qui embellissent nos paysages et ses magnifiques HLM des années 70 qui égayent nos banlieues seront classés Monuments historiques...MDR

11 févr. 2009

Toilettes royales à Versailles

Lors de sa conférence de presse 2009, Jean-Jacques Aillagon avait affirmé avec humour l’importance qu’il accordait à la mise à disposition de sanitaires en nombre suffisant pour les millions de visiteurs du château. 2008 avait ainsi vu multiplier urinoirs et cabines indiviuelles. C’est le même souci qui présida, en 1788, à la modernisation de la Garde-robe à chaise jouxtant la chambre privée de Louis XVI dont la restauration vient de s’achever grâce à la générosité de Lady Michelham. Equipé dans un renfoncement de commodités dernier cri avec "cuvette à l’anglaise en marbre noir", on en profita pour tripler la surface du cabinet et de le décorer merveilleusement. Mais, pour cela, on fut obliger de supprimer… la pissotière des garçons du château. Royal, Louis XVI leur offrit alors des toilettes aussi modernes que les siennes. Ca, c'est Versailles ! (Sources : Versalia n°10)

8 févr. 2009

Expo Picasso ou l'art du chiffre

L'exposition du Grand Palais terminée, la RMN triomphale a inondé les médias d'un déluge de chiffres : 783 352 visiteurs en 4 mois soit 7270 par jour,70 000 visiteurs pour les dernières 72h dont 30 000 noctambules, 90 000 catalogues vendus...S'y ajoutent 450 521 visiteurs pour l'expo Picasso-Manet au musée d'Orsay et 300 000 estimés par le Louvre pour Picasso-Delacroix, 17 678 billets 3expos ont été vendus, n'en jetez plus ! Qui a dit que l'art était affaire de qualité ? pour qui avait encore des doutes... nous voilà en plein dans l'ère de la quantité. D'ailleurs l'expo "Picasso et les maîtres" a reçu le soir même de sa clôture le Globe de cristal dans la catégorie meilleure exposition de l'année, c'est dire ! distinction remise suite aux votes de 4600 journalistes parmi un choix de 5 expositions : "Picasso et les maîtres" et "Emil Nolde" au Grand Palais, "Richard Avedon" au Jeu de Paume, "Mantegna" au Louvre et "Jeff Koons Versailles". Quelle sélection audacieuse ! rien ne se passe en province, c'est connu...

3 févr. 2009

Quand les jeunes parlent Culture

La Région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur) interroge les jeunes sur leur rapport à la Culture et sur son accessibilité :



Cette initiative s'inscrit dans le projet "Jeunesses en Régions" piloté par la Ligue de l'Enseignement, les CEMEA et les Francas.
+ d'infos : www.jeunessesenregions.fr

La Culture par Sarkozy, ça fait peur

Hier, l'hyper-président de la République intronisait son nouveau joujou, le Conseil pour la création artistique confié à Marin Karmitz avec comme figurante la ministre de la Culture qui a décidément autant d'amour propre qu'une plante verte. Au passage, parmi les onze personnalités qui composent cet ersatz de ministère, on trouve Laurent Le Bon, directeur du Centre Pompidou-Metz mais aussi co-commissaire de la récente exposition Jeff Koons Versailles.
A lire le le récit édifiant, pris sur le vif, sur le blog de Pierre Assouline, journaliste et écrivain, témoin perplexe de la scène. Ca fait peur : lire ici...

La démocratisation culturelle vue par Albanel

Interrogée par La Croix sur l'échec depuis cinquante ans de la démocratisation culturelle, la ministre de la Culture répond d'abord... télé :
"C’est un peu le rocher de Sisyphe… Mais la loi sur l’audiovisuel qui touche tous les Français me paraît être un vecteur très concret de démocratisation culturelle. Depuis presque un mois, les audiences en témoignent : le bilan de cette loi est très positif.
La suppression de la publicité compensée par de bons financements peut permettre des programmes intéressants, innovants. La décision de la gratuité des musées et des monuments nationaux, ce n’est pas rien : de la naissance à 26 ans, on pourra visiter gratuitement le Mont Saint Michel, l’Arc de Triomphe, ou les grands musées dans toute la France ! Offrir un abonnement gratuit à un quotidien à tous les jeunes de 18 ans afin de créer des habitudes de lecture, voilà une action volontariste."
Lire l'interview complète ici...

1 févr. 2009

Le musée de l'Air et de l'Espace opte pour la gratuité

En 2008, ce musée national dépendant du ministère de la Défense avait fait partie des établissements choisis par le ministère de la Culture pour tester la gratuité totale durant six mois. L’opération avait été un succès, avec une forte augmentation de sa fréquentation et une diversification de son public. Le musée a donc décidé de pérenniser l'expérience en appliquant la gratuité pour ses collections permanentes tout en maintenant payantes ses animations. En savoir plus...